FESTIVAL LE BALCON // 15-30 MARS 2019
Richard Wagner (1813-1883)
Idylle de Siegfried, poème symphonique, WWV103 (1870)
Jonathan Harvey (1939-2012)
Bhakti, pour ensemble de quinze instrumentistes et bande quadriphonique (1982).
Marco Suarez-Cifuentes, Nieto
L’Agneau Mystique INNUBA, premier extrait de Revelo (2020)
Création mondiale.
Iris Zerdoud, cor de basset.
Clovis Montes de Oca, trompette.
Avec les voix des enfants de l’atelier théâtre Lilas en Scène. Préparation : Marion Suzanne.
À quoi rêvent les compositeurs ? À quels saints se vouent-ils ? Leur musique est bien souvent semblable à une porte, un passage. N’écrivant pas pour le papier ou pour le spectateur, ils recherchent tous une transcendance qu’ils nomment et décrivent chacun à leur manière. La musique permet de formuler des idées plus abstraites que la peinture et la littérature, on peut y voir une hypnose, une prière ou encore une méditation ; un cri animal, un appel amoureux.
Richard Wagner ne fut jamais influencé par un mysticisme extérieur à son existence ; c’est lui-même qui est allé au-devant d’une « magie » ésotérique qui allait pourtant à l’encontre de ses références philosophiques. Il apparait ainsi un contraste frappant entre la pensée et l’inspiration, le penseur et le poète, qui se matérialise dans toutes ses œuvres. Siegfried-Idyll est peut-être l’expression la plus forte, contenue dans vingt petites minutes et dans les treize (seulement !) instruments d’un petit orchestre, des inspirations du compositeur.
La Soirée mystique est l’occasion unique d’établir un dialogue entre trois siècles : le XIXe, le XXe et le XXIe. Wagner sera suivi par Jonathan Harvey, dont Bhakti (1982) est l’un des chefs-d’œuvres. Fortement marqué par les spiritualités hindouistes, Bhakti contient douze mouvements, et chacun est suivi par quelques phrases tirées des Rig Veda, vieilles de quatre mille ans, et selon les mots du compositeur, sont « la clé pour une conscience transcendentale ».
De fait, la musique mixte (musique acoustique mêlée de musique « fixée ») implique naturellement l’impression d’une recherche de transcendance. On s’en aperçoit facilement à l’écoute de Bhakti ; l’électronique n’apparaît qu’au bout de plusieurs minutes, et apparaît seule, lorsque les instrumentistes se sont arrêtés de jouer. Ici l’électronique est loin d’être un gadget technologique : c’est une présence qui exprime une intention en direction de l’âme des interprètes. C’est comme une petite cérémonie, digne mais absurde, dévote mais technologique, contemporaine mais vieille de quatre millénaires. Au bout d’une dizaine de minutes, peu importe l’origine, la source ou la nature du son : on sent déjà son esprit décoller du bord.
De la troisième œuvre de cette soirée, l’énigmatique Agneau Mystique INNUBA, premier extrait de l’opéra déambulatoire Revelo, qui sera achevé en 2020, l’on ne sait encore pratiquement rien. À part peut-être ces quelques fragments : deux créateurs, Marco Suarez-Cifuentes et Nieto, une soliste jouant du cor de basset, Iris Zerdoud, un trompettiste miniature, une tête d’agneau enflammée et démesurée parée de sept cornes, une technologie musicale de pointe développée avec deux chercheurs de l’IRCAM, l’Apocalypse de Saint-Jean, des flux audios, des hauts-parleurs transducteurs, la Tentation de Saint-Antoine de Flaubert, des sculptures, et la Conférence des oiseaux de Farid Al-Din Attar. Ajoutons simplement, pour le moment, que cette œuvre sera présentée sous forme d’installation à l’église Saint-Eustache les 27, 28 et 29 mars.
Direction musicale : Maxime Pascal
Réalisation en informatique musicale : Augustin Muller
Projection du son : Florent Derex
Orchestre
Flûte : Julie Brunet-Jailly
Hautbois : Ye Chang Jung
Clarinette : Iris Zerdoud, Joséphine Besançon
Clarinette basse : Ghislain Roffat
Basson : Vivian Angelloz
Cors : Joël Lasry, Alexandre Fauroux
Trombone : Mathieu Adam
Trompette : Henri Deléger
Percussions : Benoît Maurin, François-Xavier Plancqueel
Harpe : Clara Izambert
Piano : Alain Muller
Alto : Aurélie Deschamps
Violons : Eun-Joo Lee, Valentin Broucke, Marie Salvat
Violoncelle : Askar Ishangaliyev
Contrebasse : Chloé Paté
L’Agneau Mystique est développé en collaboration avec Benjamin Matuszewski et Jean-Philippe Lambert, recherche et développement, équipe ISMM (Interaction son musique mouvement) Ircam-STMS, dans le cadre de la résidence en recherche artistique de Marco Suarez-Cifuentes à l’Ircam « Composer les espaces et la perception / REVELO ».
Pour la première édition de son festival, Le Balcon est soutenu par le programme Cerni du Ministère de la Culture, la Caisse des Dépôts, la Fondation Fiminco, la Fondation Singer-Polignac, Areitec, Sonic Emotion & La Muse en Circuit.